5 déc. 2006

L'argument du particularisme touareg

Dès le début des incidents, le "particularisme" touareg, malgré un dépérissement prédit depuis l'occupation coloniale, va redevenir un thème à la mode et se trouver systématiquement opposé, par les commentateurs, à l'universalisme républicain qu'incarneraient les Etats issus des anciennes colonies françaises. Devenue une clef privilégiée pour expliquer les événements violents qui se sont succédé, "l'exception touarègue" est formulée à l'aide d'arguments empruntés à des registres conceptuels variés allant du domaine politique à des "réalités" sociales, psychologiques, économiques, raciales Le traitement polémique et raciste de la question de cette minorité encombrante au sein des différents Etats enflamme la presse et atteint des extrémités verbales difficilement soutenables.
Si, pour les insurgés, l'injustice est la cause du soulèvement, les Etats préfèrent ne voir dans ces événements que la manifestation de l'anarchie et du désordre qui seraient le propre du caractère nomade. Cette réduction essentialiste des faits (ramenés à une crise psychologique sans fondement) dévoile la position d'incompréhension et de refus de dialogue des autorités. Sur le plan politique, l'idée que les Touaregs ­ loin de former une communauté ou un peuple ­ ne sont que des tribus disparates et sans relations entre elles devient l'argument central des gouvernements pour disqualifier les revendications autonomistes et fédéralistes exprimées par les fronts armés. Cette négation du mal-être touareg est pourtant contredite par la pratique même des Etats saharo-sahéliens, qui depuis leur avènement, se sont montrés particulièrement soucieux d'enclore leurs minorités respectives dans la nouvelle logique territoriale qui s'avère exclusive et différentielle. En témoignent les multiples mesures prises dans les différents pays pour interrompre la circulation des hommes et des biens au sein de l'espace habité par les Touaregs et partagé, dans les années 1960, entre les territoires de la Libye, de l'Algérie, du Niger, du Mali et de l'ancienne Haute-Volta devenue aujourd'hui Burkina Faso.
De fait, les Touaregs représentent un cas que le modèle de l'Etat-nation-territoire a beaucoup de difficultés à gérer. D'une part, en manifestant leur sentiment d'appartenance à une communauté particulière, définie par des traits spécifiques, ils soulèvent le problème de la nation dans la nation, de la communauté intermédiaire entre les individus et le pouvoir central. D'autre part, cette identité collective se double d'un mode de vie nomade qui se déploie sur une territorialité transfrontalière définie par des critères précis. Enfin, ce territoire est revendiqué non seulement comme lieu d'appartenance, mais aussi dans le but de lui restituer son rôle de trait d'union entre les rives nord et sud du Sahara et de ne plus le cantonner, comme c'est le cas actuellement, dans des fonctions d'enfermement, de séparation et d'isolement.
Autrement dit, les Touaregs, par leur existence même, offrent un contre-exemple parfait à la légitimité des Etats conçus comme des entités closes, homogènes et exclusives les unes des autres. Ils incarnent à ce titre la transgression de l'ordre en place qui, figé dans sa logique centralisatrice, n'a finalement qu'un intérêt : les voir disparaître, que ce soit politiquement, culturellement ou physiquement.
Du côté des universitaires, la thèse de l'"invention de l'ethnie" va rejoindre à point nommé la position tranchée des représentants du pouvoir politique qui, en appliquant à la lettre les dogmes hérités de la Révolution française, refusent catégoriquement toute forme et toute expression de communautarisme.
Parce qu'ils réclamaient le droit à l'existence de leur communauté dans la dignité, les Touaregs ont vu leur rôle fustigé et interprété de manière réductrice comme l'ultime soubresaut du monde des coutumes opposé au monde des lois, de la tradition contre la raison, des intérêts particuliers contre les droits universels, de l'ethnie contre l'Etat.
Les droits des peuples sont-ils vraiment incompatibles avec les droits de l'homme, comme tend à le faire croire la vision étroite du jacobinisme, niant toute communauté hors l'Etat ou la stigmatisant comme formation sociale rétrograde et archaïque ? La paix sociale ne peut-elle exister en conciliant les deux exigences ? La démocratie saurait-elle sans se renier elle-même évacuer la demande de reconnaissance identitaire comme "perception que les gens ont d'eux-mêmes et des caractéristiques qui les définissent comme êtres humains"

1 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour a tous le touareg
le pays touareg on est ete toujour oublier par l,etat malienne et nigerienne.
pesque ils ne sont pas noir comme eu ce la seul reson pour eu .
je souhaite une nouvelle rebellion .
en tous cas nous sommes ou mali et ou niger personne ne peux nous faire quitte .
je vous remerci pour cette site .

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