18 déc. 2006

Réflexion d'un cadre touareg


membre du bureau exécutif du F. P. L. A. (Front Populaire de Libération de l’Azawad) officier de réserve des M. F. U. A. (Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad)
Genèse de la révolte touarègue au Mali.

La révolte touarègue au Mali n’a résulté d’aucune manipulation comme veulent souvent le faire entendre les autorités de Bamako. Elle est l’oeuvre de jeunes Touaregs qui, par manque de perspectives d’avenir, se sont retrouvés contraints d’aller dans d’autres pays pour se spécialiser dans certains métiers. Il est connu de tous que les Touaregs n’ont jamais été considérés comme des citoyens maliens ordinaires. On les a toujours traités comme des étrangers qui ne sont que tolérés sur le sol malien. Certains étrangers, venant des pays voisins sont mieux traités que nous. De nos jours, "l’homme bleu" a le plein droit de crier fort pour déchirer le silence. Le vent des indépendances a soufflé, toutes les pages ont tourné. Il en reste une, très lourde. Seul un vent venant du désert peut la tourner. Le vent de la démocratie a soufflé, il n’est venu qu’avec la haine, la trahison, l’ingratitude, la méfiance. Après s’être bien assurés qu’aujourd’hui rien ne peut arrêter la roue de l’histoire, les jeunes Touaregs, nombreux et très efficaces dans les divers métiers exercés à l’extérieur, ont senti le besoin de s’unir pour sortir l’Azawad de la misère. Il n’est caché à personne que le Mali n’a rien réalisé dans sa partie septentrionale. Certains responsables maliens appellent cette partie du pays le "Mali inutile".
La politique du Mali vis à vis des M. F. U. A.
Le 11 avril 1992, le Mali a fait appel à ses "fils égarés". Ils ont répondu et signé un accord. L’opinion internationale était témoin. Que remarque-t-on lorsqu’il s’agit de commencer son application ? Le Mali a choisi ce moment pour former des milliers de soldats anti-guérillas et a soigneusement voilé ses brigades d’autodéfense pour commencer à les utiliser en avril 1994, afin de déstabiliser le chapitre "intégration" du Pacte national.
Les Touaregs, citoyens maliens dans le passé
Le Touareg a toujours partagé avec ses frères songhaï, bambara, sarakollé, peul, malinké, bobo, dogon, senoufo, kasonké et arabe, les souffrances précoloniales. Pourquoi le marginalise-t-on après les indépendances ? Comme le disent dans leurs discours certains "chercheurs de places", c’est sa diversité qui fait du Mali un pays fort. Il ne suffit pas de le chanter, il faut mettre les citoyens sur un pied d’égalité devant la justice et le droit au travail. Hélas, au Mali, on ne pense à la population touarègue que lorsqu’il s’agit de chercher des aides extérieures. On présente le désert avec ses sécheresses, ses vents de sables, ses tentes en chiffons, ses cadavres d’animaux et ses misérables populations pour dire que "ça ne va pas au Mali". S’il y a des aides, des projets ou des financements de quelque nature que ce soit, les autorités entretiennent le "Mali utile" avec les fonds, et on envoie au Nord quelques tonnes de sorgho (don de l’USAID, etc.). De grâce, il est temps que s’arrête cette comédie.
Mali : le double langage
Les autorités maliennes demandent à l’armée d’assumer sa mission. Elle l’assume en pillant des campements touaregs entiers et elle publie des communiqués du genre : "des milliers de rebelles ont été tués par les braves forces armées".
Une chose est sûre : le Mali est plus que jamais décidé à exterminer les Touaregs. Pour bien cacher ses intentions, le gouvernement invoque l’indiscipline de son armée. Mais il faut que la troisième République sache qu’elle est condamnée à gérer plus sagement ce problème car même si elle arrivait à exterminer le peuple de l’Azawad, le désert, fidèle au cri de ses fils, les vengera. Après nous, aucune âme n’osera exister sur notre sable. Tant que nous vivrons, nous animerons ce désir de fleurir le désert, de le débarrasser de ses vents chauds, sa solitude, la stérilité de son sol, car c’est à nous qu’il le réclame. Chaque vent chaud qui y souffle est un message pour nous. Chaque tambour qui y résonne est un reproche et chaque coup de feu que nous laisserons entendre est une revendication auprès du Mali.


Quel avenir pour les Touaregs?
Aujourd’hui, dans un contexte international difficile, le Peuple touareg s’interroge sur son devenir. Il est à la recherche d’une solution qui lui permette de surmonter les mutations de la société, de retrouver sa dignité et d’assurer son existence. En tant que communauté linguistique et culturelle, le Peuple touareg demande que lui soit reconnu le droit de vivre sur son territoire et de gérer son propre développement...


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