5 déc. 2006

Seulement à cause de la couleur de notre peau

Pogrom : trois témoignages
Khama ould Attahir
Attaher ould Atta
Femme anonyme

Propos recueillis en touareg par Hawad en février 1995 au camp de réfugiés maures et touaregs de Luta, au Burkina Faso. Les trois interlocuteurs, deux hommes et une femme, sont des Kounta originaires de l'Azawad, dont les clans étaient intégrés au pôle politique des Touaregs de l'Ouest (Tademekat). Ces personnes avaient émigré depuis les dernières sécheresses dans des villes du Sud, à Mopti et à Hombori, vivant de petits commerces ambulants.


Khama ould Attahir

Un petit commerce de misère
Nous, nous sommes des "pauvres" (tilaqawin) qui faisions un petit commerce de misère à Mopti, si on peut appeler ainsi quelques poignées de dattes, sel, sucre et thé que nous rachetions aux grands commerçants. Certains d'entre nous n'avaient même pas de table ni de nappe pour étaler les poignées de leur commerce mais seulement des plateaux en émail et des planches de bois portés à la main et, toute la journée, ils sillonnaient la ville de maison en maison et de lieu en lieu pour les vendre Tout un commerce de misère ! Au début, nous cohabitions avec les gens de la ville, même s'ils nous humiliaient et nous injuriaient, nous restions dans la ville sans sentir de menace physique, mais par contre, notre honneur était atteint tous les jours. Nous vivions à la sueur de notre labeur, nous côtoyions les vrais citadins. Ceux qui étaient riches ne nous remarquaient même pas et nous n'aurions jamais cru qu'un jour, quelqu'un oserait se dresser et chercherait à nous tuer à cause de la couleur de notre peau. Par contre, nous nous doutions qu'on nous attaquerait plutôt à cause de nos biens, mais comme nous n'étions pas riches, nous pensions que personne ne pouvait nous toucher.

Toute la ville est tombée sur nous
C'est ainsi que nous vivions à Mopti jusqu'au jour où la nouvelle est arrivée qu'Abamba, une petite ville du bord du fleuve située entre Gao et Tombouctou, avait été attaquée par des combattants touaregs et leurs Maures. Ils ont attaqué l'armée du Mali. Alors, à peine l'événement connu en ville, d'un coup, la nouvelle s'est répandue. Nous, ce jour-là, un jour de dimanche, nous nous occupions de nos petites affaires. Les habitants de la ville nous ont laissés le matin étaler nos paquets, mais certains commençaient à colporter la nouvelle à travers la ville. A huit heures du matin, alors que nos étals étaient sortis, brusquement toute la ville nous a attaqués. Ils étaient armés de machettes, de lances, de poignards et de bâtons. La foule s'est avancée comme un paravent, encadrée à l'arrière par la police, l'armée et leurs chefs. Une fois proches de nous, ils se sont divisés en deux : ceux qui étaient armés se sont mis en arrière et ils nous ont envoyé ceux qui n'étaient pas armés. Ils sont venus comme des acheteurs qui demandaient le prix de nos marchandises, mais c'était pour donner aux autres le temps de nous attraper. La mise en scène de ceux qui disaient "combien ?" et qui nous injuriaient n'a pas duré quand la meute nous a attaqués. Les armes ont commencé à pleuvoir. Ceux qui étaient armés derrière surgissaient et attaquaient. Ils nous ont frappés, bousculés, nous sommes tombés, ils précipitaient la mort sur nous, nous avons vu toutes les mains de la ville, les unes qui nous frappaient et les autres qui pillaient nos misérables commerces, nous, les Touaregs et les Maures, réunis par la couleur de notre peau. Nous n'étions pas forts ce jour-là car nous n'étions pas armés, nous tombions sous les coups et leurs hurlements de rage.
La ville est tombée sur nous, toute la ville. Nous, non seulement nous n'étions pas armés et peu nombreux, mais surtout, nous avons été pris par surprise, sans pouvoir nous réunir. Chacun s'était éloigné des autres pour tirer avantage de son commerce et ne pas se faire concurrence.

Seulement à cause de la couleur de notre peau
La ville s'est mise à frapper les hommes sans laisser les femmes ni les enfants. Ils frappaient et pillaient. L'armée et toutes les forces du Mali qui étaient derrière eux regardaient et suivaient au cas où une résistance apparaîtrait de notre côté pour prendre l'assaut. Encore, je me rappelle, avant qu'on ne m'écrase, j'ai vu un Arabe, mon voisin de commerce, appelé Didi ould Khamou. Je le vois quand ils l'ont frappé ; il est tombé à terre et d'autres l'écrasaient et d'autres encore plus nombreux se sont mis en meute à arracher sa misère de commerce. Mais ould Khamou avait l'âme dure. Je le vois encore tomber et se soulever, on le frappe et à nouveau il tombe et se redresse, il titube, on le frappe, et encore une fois il tombe et se remet debout, il se sauve, on le poursuit et je le vois courir comme un chien traqué par une meute humaine jusqu'à tomber sous les pieds d'un policier. Il s'accroche aux jambes et au pantalon du policier. Le policier qui surveille la sécurité de la ville encadre la meute qui assassine Didi ould Khamou. Le pauvre innocent est massacré aux pieds du policier qui surveille la ville et il se fait massacrer par les mains de toute la ville seulement à cause de la couleur de sa peau.
De mon côté, j'ai tenté de me protéger. J'ai continué à essayer de résister pour protéger ma marchandise car elle faisait aussi partie de ma vie, mais rien ne m'a protégé. La meute enragée s'est ruée sur moi. Je suis tombé, je me suis redressé, j'ai couru devant les yeux de l'autorité et une nouvelle meute encore est venue m'accueillir et m'a traqué. J'étais encerclé et encore les coups tombaient sur moi, comme pour Didi ould Khamou, et des mains commençaient à me frapper de nouveau et à voler ma marchandise. Les cris de haine poussés par toutes les bouches de la ville en une seule clameur avec leurs mains sans nombre m'ont fait perdre connaissance et quand je suis revenu à moi, j'étais un mort vivant entre les mains miraculeuses d'un Bambara, mon voisin. C'est lui qui m'a extirpé hors des poings et des cris de haine. J'étais mort vivant. Dans cette situation, les civils Bambara qui habitaient la ville, une ville de Peuls et de Songhay, ne se sont pas comportés comme les Bambara qui sont au service de l'Etat malien. Ils ont refusé de se joindre à la meute qui nous frappait. Est-ce parce qu'eux aussi sont minoritaires dans cette ville, qui est loin de leur pays, ou à cause d'un regard humain, je ne sais ! Mais les civils Bambara, les pauvres, ceux qui n'ont pas de rapport avec l'Etat, ne nous ont pas touchés et certains nous ont même protégés, comme ce fut le cas pour moi.

Déchiqueté par la meute enragée
Un pauvre jeune homme, avec sa planche posé sur un carton, a été déchiqueté par la meute enragée. Elle l'a presque mangé. Je le vois encore, lui aussi, donner le dos au mur. Il essaye d'abord de défendre sa vie, son commerce, avant de défendre son âme. Il a renversé sa marchandise sous ses pieds et utilise la planche comme bouclier. Il paraît décidé à résister car il ne fait pas de différence entre la mort de son corps et celle de la perte de son capital, unique mamelle qui nourrit sa vie. Il vendait comme nous des poignées de sel, de dattes, de sucre et de thé, faisant vivre avec cela une grande famille de plus de dix personnes. Je le vois encore, la foule le frappe, et il bloque les coups avec la planche, le dos au mur ; il est encerclé et une partie de la meute le frappe, les autres comme des hyènes ramassent les débris de son commerce à ses pieds. Je le vois, on le frappe jusqu'à ce que la planche, bouclier protecteur de sa vie, se brise. Alors, d'un coup il a oublié son avenir économique et s'est soucié du présent, de lui-même, encerclé et menacé. Il a lutté sans plus de planche à la main. Son capital s'était brisé et c'était au tour de sa tête d'amortir les coups. On l'a frappé à la tête, il est tombé sur la poussière et le sang, le thé, les débris de sucre, de dattes et les petits cristaux de sel qui étaient son capital et que la meute n'a pu ramasser car les nouées de chiffon qui les contenaient s'étaient déchirées.


Attaher ould Atta

La capacité de l'homme à se métamorphoser
Moi, c'est dans une autre ville qu'une foule haineuse est tombée sur moi. Moi aussi, ce jour-là, j'étais assis comme d'habitude derrière une table où j'avais étalé des pincées de dattes, de sel, de thé, de sucre pour les vendre. A côté de moi, se tenait mon fils cadet, très jeune. Alors une meute de Songhay est arrivée, encadrée par la milice Gandakoy, elle-même encadrée par l'armée malienne. Ils m'ont d'abord envoyé leur émissaire qui me posait des questions pour savoir si j'habitais dans cette petite ville de Hombori. Je leur ai dit : "Oui, vous me voyez, je vis là, et je vis de mon petit commerce." Ce qui est absurde et qui illustre la capacité de l'homme à se métamorphoser, c'est que celui qui m'interrogeait et avait guidé la meute de la haine vers moi, c'était chez lui que je louais l'habitation où je vivais avec ma famille depuis trois ans et je lui payais chaque mois un loyer. Mais ce jour-là, il ne m'a pas reconnu : est-ce la rage qui l'avait rendu aveugle ou plutôt le désir de manger la peau rouge. Je lui ai répondu : "Pourtant, depuis trois ans, je te paye mon loyer chaque mois." Il m'a répondu catégoriquement : "Moi, je connais ton argent, mais toi, je ne te connais pas. Et maintenant debout, quitte-nous ton commerce et suis-nous."

Ils ont déchargé leur mitraillette sur ma femme
On est parti avec mon fils. Ils nous ont poussés jusqu'à arriver devant leur chef, qui était le chef de l'armée du Mali de cette région, assis dans la cabine d'une voiture où était arrimée une mitraillette. Il m'a dit : "Toi et ton fils, vite, en voiture." On est monté dans la voiture mon fils et moi, mais au même moment, mon épouse (tamghart) leur a dit : "Qu'est-ce que c'est cette histoire, mon fils et mon mari, que vous ont-ils fait pour que vous les embarquiez ?"
Alors, ils ont déchargé leur lourde mitraillette sur ma femme devant moi, je l'ai vue tomber sur ses entrailles, elle est morte en répétant : "Même si nous sommes rouges et arabes ou touaregs, nous ne sommes pas des rebelles ni des coupeurs de route et, jusqu'à aujourd'hui, nous avons payé des impôts au gouvernement et nous sommes soumis à son armée." Alors là, un des chefs militaires Bambara a retrouvé sa conscience humaine et a empêché que la meute se rue sur moi, une meute de gens du peuple et de militaires en grande partie Songhay. Il m'a protégé et m'a emmené dans la voiture jusqu'à sortir loin hors de la ville. J'ai couru, mon fils a couru de son côté, nous sommes devenus fous, je ne l'ai pas revu jusqu'à aujourd'hui et moi, en un seul jour, j'ai quitté le Mali en direction du Burkina à la recherche d'un abri. En un seul jour de marche, j'ai parcouru un trajet de deux jours. Me voilà à présent, errant dans ce camp de réfugiés qui n'a de réfugiés que le nom car il ne reçoit aucune aide, même pas une goutte d'eau, du HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés) qui pourtant, il y a cinq mois, est venu nous recenser et ensuite s'en est retourné dans ses bureaux du Burkina, mais jusqu'ici aucune nouvelle.

Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une tache blanche ou rouge
Ainsi, nous les Touaregs et leurs Arabes que le Mali a tués, non seulement nous étions innocents, mais nous étions une cible facile. A cause de la couleur de notre peau, la meute nous a chassés et pillés. Encadré par l'armée, le peuple noir de cette région, quand il nous frappait en meute, à haute voix criait, dansait et chantait en répétant : "tuez les rouges" et "balayez le Mali de tous les rouges" : kokégé en bambara et les Songhay en chur répétaient : ho may ga, voilà l'hymne de toutes les meutes du Mali qui balayent les rouges en disant : "nettoyez sec pour faire briller la couleur du Mali". C'est avec ce slogan qu'ils nous ont massacrés et chassés jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une tache blanche ou rouge pour souiller la noirceur propre du Mali, blanchie par le rouge du sang de la blancheur des Touaregs et des Arabes qu'on nettoie et qu'on balaye par le feu, les couteaux et les bâtons simplement parce qu'une petite aile des Touaregs et des Arabes a pris le maquis et s'est mise à affronter l'armée du Mali pour arracher leur vérité qu'on leur a volée depuis l'époque de l'esclavagisme français qui a confié leur pays au Mali et au Niger.


Femme anonyme

La couleur de notre peau est devenue un défaut
Moi aussi, j'ai habité Mopti avec mon mari. Il était comme ces deux témoins qui d'ailleurs sont nos frères. Nous vivions d'un petit commerce des mêmes denrées, qui nourrit beaucoup de ceux du Nord venus du désert de Tombouctou et qui vendent quelques poignées de dattes, de sel, de sucre Nous n'étions que des pauvres, qui gagnions notre vie dans ce petit commerce, une vie qui ne désirait rien d'autre que la survie au jour le jour, c'est tout.
Mais seulement, la couleur de notre peau est devenue un défaut et nous a attiré une haine et une violence nettoyeuses. Cela faisait dix-huit ans que étions à Mopti. Jamais, nous n'avions fait de mal à personne. Nous aussi, nous recevions beaucoup d'humiliation avant, parce que nous sommes pauvres et peut-être parce que nous étions différents, mais personne n'avait trouvé de brèche pour nous attaquer. Bref, comme toute la foule, nous suivions la voie tracée par le Mali. De toute façon, nous n'aurions pas osé ni n'aurions eu les moyens de nous écarter du droit chemin. Nous habitions à Mopti. Pendant la journée, les hommes s'occupaient de leur planche de commerce et nous les femmes, nous nous occupions des maisons, on faisait de l'artisanat, des coiffures, il y en avait qui fabriquaient des cordes. Mais brusquement, un jour, toute la ville noire a fondu sur nous en criant : "Tuez les rouges, tuez les blancs." D'ailleurs ces mots souvent sont associés. Ils disaient : "Nettoyez le dos de la terre, arrachez les rouges de toute la ville de Mopti."

Le nettoyage des taches rouges
En un clin d'il, toute la ville de Mopti est devenue une nuée de hurlements de haine et de bras noirs qui brillaient proprement, armés de machettes, de lances et de poignards mais aussi de sabres, de bâtons, de haches, de fusils, toute une tornade de haine et de violence qui se dirigeait vers nous, nous les quelques taches rouges, je parle de notre peau. Ils voulaient nettoyer le pays par notre sang. En un instant, comme la tempête noire de la mort, nous avons été noyés sous la violence.
Nous qui étions dans les maisons, quand nous avons eu la certitude des violences menées contre nos hommes, déjà la nuée de haine, dans tout son paroxysme, était tombée sur nous aussi. Les mains de la meute nous frappaient, nous jetaient tout ce qui pouvait faire mal. Mais le plus horrible dans toute cette tornade, c'était le regard exorbité et troublé qui uniformisait tous les yeux de la foule qui se dirigeait vers vous et vous encerclait. Et vous, face à cette masse en rage, vous n'étiez rien qu'une minuscule tache. Je vais revenir aux coups et aux jets qui nous assaillaient, mais le plus horrible que je ne peux oublier, c'était le regard avant l'action. Les coups et les jets de bâtons tombaient sur mes surs, mes voisines et moi. Comme des chiffons, nous tombions. De mon côté, je voyais mes surs et mes voisines piétinées par la meute de rage qui se dirigeait vers ma tête. Je reçus deux coups de coupe-coupe tranchants et de nombreux autres coups venant de mains différentes. Je les recevais sur les épaules, j'en bloquais certains avec mon bras, mais le rouge du sang de mes veines enterré sous le rouge du regard en feu de la meute m'a fait perdre conscience, ma vue et ma mémoire se sont embrumées dans la haine et les hurlements de la foule. Tout s'est déroulé sous les yeux de l'armée et de la police du Mali. C'est eux qui les encadraient, les excitaient, les orientaient et leur montraient les cibles les plus faciles que nous étions, nous les rouges, touaregs et arabes.

Déversés comme on vide une poubelle
J'étais comme morte moi aussi. Je ne sais quelle main de la paix m'a ramassée avec mon sang, mes blessures et mes hardes. Quand j'ai repris conscience, j'étais dans un véhicule de la police du Mali, seule, sans mari ni enfants, ni frères ni voisins. Mais j'étais avec quelques personnes avec lesquelles je partageais la chance et la peau rouge. On nous a emmenés. Maintenant, c'était la police qui nous balayait : comme une poubelle, les policiers nous ont amenés eux-mêmes en exil, loin de notre pays.
Ainsi, l'Etat du Mali serait peut-être purifié de l'impureté de l'épiderme blanc ou rouge des Touaregs et de leurs Arabes. Les policiers maliens nous ont escortés jusqu'à la frontière du Burkina et en pleine brousse, sans eau ni nourriture, ils nous ont déversés comme on vide des déchets.
Alors, à pied, nous avons marché en traînant nos blessures et nos corps malades, assoiffés, affamés et l'âme endeuillée. Nous avons traîné tout cela jusqu'à ce camp de réfugiés. Nous voici, et maintenant, c'est au tour du HCR de nous faire souffrir comme s'il était complice de nos bourreaux.
Certains de nous, depuis la ville de Mopti, se sont sauvés en direction du nord vers la Mauritanie, d'autres ont traversé le désert et la soif vers l'Algérie et d'autres à pied sont partis jusqu'en Libye. Chacun a pris la direction vers où l'a poussé la violence et une grande partie de ceux qui ont pu échapper aux massacres avec leurs blessures sont morts de soif et de faim dans le désert et la brousse entre l'endroit d'où ils ont été chassés et leur refuge.

Je veux être un taxi de la liberté
Jusqu'à aujourd'hui, quand je pense à ce qui nous est arrivé au Mali, uniquement et simplement à cause de l'apparence de notre peau, la violence voile ma vue. C'est une violence qui me dit que si moi aussi j'en trouvais les moyens, je ne laisserai rien debout de l'Etat du Mali. Je veux tout faire affaisser, je veux tout casser comme l'armée du Mali et son peuple l'ont fait pour effacer toutes les traces de notre existence dans notre propre pays. Je ne parle pas du Mali mais de cette région du nord de Gao et de Tombouctou, l'Arabanda, qui était notre pays avant qu'il ne devienne le Mali.
Aujourd'hui, puisque j'ai le droit d'errer dans ce camp qui n'a rien d'un camp de réfugiés, c'est plutôt un camp de déchus, je vais dire, parce que j'ai pris du recul, qu'une seule chose me donne l'espoir de vivre en surpassant mon ennemi : c'est le désir de la justice et de la construction du pays et de notre nation (tumast), en les construisant sur des piliers nobles et qui respectent la dignité de tous.
Dans mon âme, c'est vrai qu'il y a le désir de vengeance et de revanche sur l'injustice qui nous a frappés, nous, les Touaregs et les Arabes, nous, les innocents qui n'avions rien et jamais rien gâché, nous qui n'avions commis aucune faute et ne portions aucun défaut sauf celui de la couleur de notre peau.
Dans mon cur, se superposent des quintaux de violence et de vengeance contre les Etats qui nous ont mis en joue comme un gibier à chasser, mais ces quintaux de rage, de haine et de vengeance contre l'Etat, je les refroidis par une volonté violente de saisir et de piller notre vérité. Notre vérité que nous n'aurons jamais sauf par notre travail, nos forces et notre désir de construire notre pays et notre liberté dans notre pays. Si ce n'était pas cela, en cet instant, je me vengerais du Mali, violence pour violence et je mourrais l'âme en paix. Mais, à mon avis à moi, il n'y a pas de paix pour moi ni pour les nôtres sauf combattre, travailler jusqu'à trouver notre vérité. Cherchons la force et l'organisation (enemenek) ; quand nous atteindrons notre vérité, par tous les moyens, ayons les forces utiles pour l'arracher aux Etats avec notre pays et par notre vérité, nous construirons et redresserons le pays et la vérité.
Vous, surtout ceux de l'Europe, qui nous avez pillés autrefois et qui avez usurpé notre vérité en la donnant à d'autres pays, pour nous faire mentir avec notre vérité, vous me dites : "Quand tu auras ton pays de désert aride et non développé, qu'en feras-tu ?"
Moi qui connais la liberté de jadis et son absence aujourd'hui, je vais vous répondre : je veux seulement errer en toute liberté dans mon pays, seulement dans mon pays, je veux être un "taxi" de la liberté, qui n'est guidé et conduit dans son pays que par le vent de la liberté. Par la liberté de l'air, je veux sillonner le pays, je partirai d'est en ouest, du sud au nord, seulement comme le vent liberté. Mais, pour être un taxi de la liberté dans le désert de mon pays, il nous reste encore beaucoup de marches et de luttes jusqu'à pouvoir arracher notre vérité.

1 commentaires:

black me a dit…

je ne comprend bien le sens de ce blog. Est ce un appel a la revanche que vous lancez maintenant contre tout le peuple Malien ou le desir de faire connaitre cette histoire au reste du monde qui vous anime?
Si la premiere est votre raison, vous n'etes pas si different de ces maliens qui vous ont battus. Je reconnais que ces actes ont été démésurement odieux et si je pouvais bien faire quelque chose pour reparer ce tort je n'hesiterais pas. Des Touaregs ont attaqué l'armée du Mali et certains individus ont preferé décharger leur colere sur vous pauvres innocents. Ce monde est un monde de diversité et de partage. Cette diversité qui fait son charme est malheureusement une source de problemes intarissable.

Enregistrer un commentaire

 

blogger templates | Make Money Online