22 déc. 2006

Sortie de crise


Ca fait des années qu’une pluie de financements inonderait notre pays et souvent spécialement pour son septentrion. Pas plus loin que le mois passé le Président de la République a ramené plus de 650 milliards d’une mission des USA et de l’Union Européenne .Et depuis que la rébellion a éclaté en 1990 des centaines de milliards de nos francs ont été donnés pour l’amélioration des conditions humaines afin d’aller vers une stabilité de la zone du Nord et rien ne surgit à l'horizon et rien ne semble s'y dessiner. Nous le disons car nous savons qu’une fois encore seules la poussière et quelques maigres miettes parviendront au-delà du fleuve Niger alors qu’une pluie de dollars, euros ou autres s’abat sur Bamako pour réduire la fracture malienne Nord/Sud.
Partant de là, nous de l’Alliance Démocratique du 23 mai pour le Changement, porteurs de message sommes très mal compris et nous sommes considérés comme des "bandits" avides, de dangereux "séparatistes". Souvent sur des fausses accusations sans aucune preuve comme des "pilleurs" ataviques tantôt des caisses de l’Etat, tantôt rançonnant d’innocents voyageurs. Que ne raconte-t-on pas sur le Septentrion malien comme juste pour nous dénigrer et masquer l’hospitalité particulière et inédite de notre culture?!......
A côté de ces postulats malavisés fondés sur l’ignorance, la réalité des maux du grand Nord est peu montrée. C’est loin des centres. Qu’on ne s’étonne alors pas d’être classés parmi les tout derniers au monde en matière de développement humain ! Au Nord, la santé, l’éducation, l’économie restent bien en dessous des moyennes nationales. Où donc sont passés les agents, les chiffres et les réalisations présentés aux bailleurs dans certaines statistiques ? Combien de générations encore n’auront pas connu le moindre mètre de goudron à des centaines de kilomètres à la ronde, ni le moindre hôpital ? Si, par la Grâce d’Allah, un enfant survit à sa naissance et à ses premières années, que peut-il devenir ? Probablement un analphabète dans sa propre langue alors qu’elle fut la première écrite en terre africaine. Ensuite, au lycée de Kidal, le seul pour 260 000 km², il n’y a toujours que 2 des 4 sections prévues malgré les milliards du PRODEC et des bailleurs de fonds, pas de Sciences Exactes ni de LL (français anglais) et pourtant officiellement créé depuis 1997.Raison officielle manque d’enseignants et cela malgré l’appui du PAMOF (Programme d’aide à la formation des maîtres financé par le Canada à coût des milliards). Ce sont des compétences que nous perdons. Elles vont nous manquer comme si c’est fait sciemment. Et les éleveurs, ces piliers de notre économie, jusqu’à quand seront-ils vraiment pris au sérieux par les autorités ? Quand on sait les ressources que peut générer cette activité pourtant citée dans toutes les brochures relatant ou justifiant notre économie.
Assez de Maliens mis à l’écart ! Le progrès doit être commun et bénéficier aussi et surtout aux plus défavorisés. Qu’on ne s’y trompe pas, qu’une partie du Mali soit vitrine de la modernité et qu’une autre soit indexée de Mali inutile ne saura jamais soigner nos maux.Ca ne saurait que creuser l’inégalité sociale. Le nécessaire élan de rattrapage en développement doit être impulsé dans tous les cercles et atteindre aussi les villages et les campements. Il faut que la misère recule chez les déshérités de notre grand Nord du Mali. Le seuil de la pauvreté fixé par les experts de la Banque Mondiale à 100US $ de revenu annuel est un revenu de bourgeois dans nos communes du Nord. C’est une situation qui ne doit plus être quand le Mali reçoit des milliards pour s’être lancer dans une lutte acharnée contre la pauvreté De même, un éleveur père de famille ne doit plus pouvoir mourir de soif comme encore en juillet 2006, dans l’indifférence totale des pouvoirs publics et des médias.
Avec le sentiment d’abandon né de la misère, de l’éloignement et de ces faiblesses en infrastructures, avec aussi le poids de l’Histoire, le doute est là. Il est à l’intérieur des têtes, de part et d’autre des différentes lignes de fracture. Sommes-nous des Maliens à part entière ? Que veulent-ils tous ces pouvoirs qui se sont succédé ? Mais nous l’avons déjà dit et nous le redisons : il est temps d’avancer. « Sortir de l’extrême sous-développement et du cycle des crises à répétition est une urgence » Il faut pour cela produire des avancées significatives et passer à la suite de l’application de l’Accord historique conclu à Alger.
Grâce à Dieu, nous avons un homme dont tout le monde chante sa sagesse à la tête de l’Etat. C’est un président responsable qui a su faire la part des choses et nous rendons hommage à sa sagacité et son sang-froid, ainsi qu’à son esprit de paix. Il a compris les causes réelles de notre malaise et entendu le message et l’appel au secours lancé depuis un certain 23Mai 2006 au nom des peuples du Septentrion malien.En conséquence, il a promis de faire de la route Gao-Kidal son objectif n°1. Nous le croyons. Nous avons hâte de voir. Nous sommes bien conscients que le goudron ne va pas apparaître comme par enchantement et que le Mali doit d’abord boucler tous les financements.. Les engagements doivent être tenus. Le développement doit couler sans rébellion et sans que du sang ne coule.
Pour notre part, nous avons donné des gages et toujours adopté une attitude responsable. Nous sommes engagés dans la négociation, que nous avons toujours privilégiée. Si besoin en était, nous venons de prouver au monde que nous n’étions pas connectés au GSPC, comme nous l’avion déjà maintes fois signalé. Nous avons aussi prouvé notre préoccupation pour la tranquillité et la sécurité des habitants hors des zones urbaines, ainsi que notre efficacité lors de l’interception et arrestation des voyous en bande organisée dans notre zone.
Nous ne sommes pas "des diables". Nous ne demandons pas "la lune". Et nous ne voulons pas non plus causer du tort au Grand Mali car c’est notre pays. Mais assez d’être des Maliens de seconde zone ! L’essence de notre révolte n’est pas à aller chercher ailleurs.
Nous sommes des frères. Et des individus responsables. Si nous en sommes venus à prendre les armes, c’est bien par manque d’écoute et de considération. C’est bien parce que nous sommes indépendants depuis 46ans et restons sans un mètre linéaire de goudron sans un hôpital. Les problèmes ne sont pas inventés. On peut toujours étouffer la vérité sous une couverture en donnant à cela le nom de pudeur, on peut la voiler derrière un épais tissu fait de mensonges et préjugés, mais sa présence demeure. Et se fera sentir. La misère est criante dans les régions de l’Azawad. Il faut trouver les moyens pour y remédier.
A un moment donné, l’Etat a su s’endetter pour les agriculteurs du Sud et les accompagner vers un enrichissement potentiel et une hausse de la qualité et de la promotion de leur production. Nos éleveurs dans ces zones arides ne méritent-ils pas un peu plus d’attention qu’aujourd’hui alors qu’ils sont, et de loin, la plus grosse part de la population ? Cheptels, viande, lait, peaux ne valent-ils que mépris ? Alors on détourne les yeux ou les fonds…..IL FAUT QUE CELA CESSE!. Nous le disons pour la dignité des nôtres comme nous le disons pour le bien du pays. Le bien du pays ne nous est pas étranger. Au Mali, nous pouvons apporter le meilleur de nous-mêmes et positiver sa richesse, mais il ne doit plus nous laisser sur la touche, nous loin des centres et déjà défavorisés par la nature. Il est temps de nous reconnaître comme des Maliens à part entière, avec les mêmes droits à la dignité.

Envoyé Par Azawad-union

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