11 févr. 2007

NIGER, vers une nouvelle "rébellion" ?



Après l’attaque de deux postes militaires au Niger,
Un remake de la rébellion touareg est-il à craindre ?


Niamey craint un remake des années 1990, marquées par des révoltes touareg. Deux postes militaires ont été attaqués en fin de semaine dernière. Bilan : trois soldats tués. Pour les autorités nigériennes, ce sont de jeunes Touareg équipés d'armes puissantes qui, en se repliant, ont emporté des armes et des munitions.
Les assaillants se sont eux réclamés du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), un groupe jusqu'alors inconnu, qui serait dirigé par un natif d’Iférouane, la région où s’est déroulé le double raid. Quoi qu’il en soit, l’attaque des postes militaires fait redouter à Niamey une reprise du conflit déclenché en 1991 par des jeunes Touareg pour réclamer une structure fédérale pour les régions nord de Tahoua et d'Agadez (Aïr et Azaouak), qui regorgent de richesses minières : des mines d'uranium et de charbon, et dont l’avenir est des plus prometteurs avec des gisements de pétrole et l’exploitation de ses sites touristiques, les plus pittoresques du pays. Cette guérilla, qui s'est achevée en 1995, devait ruiner l'économie des régions du Nord et de l'Est et provoquer l'exode des Touaregs vers la Mauritanie, le Burkina Faso et l'Algérie. La descente aux enfers devait être stoppée par des accords de paix conclus sous l'égide de l'Algérie et de la France qui avaient abouti à une décentralisation des régions touareg assortie d'une large autonomie de gestion, et prévoyant l'insertion des combattants et leur intégration dans l'armée et l'administration. Un peu dans l’esprit de l’accord qui a été scellé au Mali entre Bamako et les Touareg maliens, à Alger, le 4 juillet dernier, et dont un forum est prévu à Kidal pour le mois de mars en vue de mettre en œuvre les changements négociés sous le parrainage de l’Algérie entre le gouvernement et l’Alliance démocratique regroupant les Touareg. Il s’agit de lancer le programme de développement des régions du nord du Mali dont la précarité a fait le lit de la rébellion touareg et même de l’islamisme politique qui tente, justement, d’y établir des bases et contre lequel les États-Unis négocient avec des pays de la région pour constituer un commandement de lutte antiterroriste sous leur panache. Le gouvernement nigérien tente, pour sa part, de minorer l’attaque de ses deux casernes, se demandant si ce ne sont pas des bandits des grands chemins qui veulent faire croire à l'existence d'une rébellion armée. Il s’est toutefois réuni en conseil de crise et donné son feu vert à l'armée pour traquer les assaillants retranchés dans les montagnes de l'Aïr, une province du Nord. Selon le MNJ, le gouvernement de Niamey n’a pas respecté les accords de 1995, notamment les clauses prévoyant la réinsertion socioéconomique des ex-rebelles touareg et la priorité d'embauche des autochtones par les sociétés minières. Il exige la nomination de personnalités civiles et militaires touareg à des postes-clés de l'administration et de l'armée, ainsi qu'une répartition équitable des ressources tirées de l'uranium, dont le Niger est l'un des gros producteurs mondiaux.
Un autre groupe rebelle, les Forces armées révolutionnaires du Sahara (Fars) a, de son côté, lancé un ultimatum de deux semaines au gouvernement pour évacuer une équipe de techniciens chinois prospectant le pétrole dans le nord-est du pays. Les Fars, officiellement dissous après un accord de paix remontant à 1997, ont revendiqué, en août 2006, l'enlèvement de touristes italiens près du Tchad pour protester à nouveau contre la marginalisation des Toubous qui représentent 1% de la population du Niger.

D.Bouatta

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