2 mai 2007

Mohamed Ali Ag Attaher


Dès les années 1920, pendant l'ère coloniale, deux ans après la défaite du dernier grand épisode de la résistance armée touarègue dans l'Aïr, Mohamed Ali ag Ataher Insar, qui deviendra chef des Kel Intesar à la mort de son père en 1926, s'investit dans la scolarisation en français des enfants touaregs, estimant qu'il faut savoir affronter l'adversaire avec ses propres armes . Il va se heurter à la réticence des familles touarègues par rapport à l'école coloniale, aussi bien qu'à l'opposition de l'administration française qui l'empêche de mener à bien son projet de former les enfants touaregs à une éducation moderne de haut niveau. Sa détermination le conduira à obtenir des Etats arabes l'inscription de ses recrues dans les universités moyen-orientales. Par contre, c'est en vain qu'il cherchera auprès de l'Egypte, de l'Arabie Saoudite et de la Libye un soutien politique pour sa lutte indépendantiste. Il se rendra ensuite au Maroc, juste avant la création des Etats du Mali et du Niger en 1960. Soupçonné de diriger la révolte touarègue qui en 1963 éclate dans l'Adrar sous une forme violente, il est extradé par les autorités marocaines et remis au gouvernement malien. Sa détention à Bamako durera de 1963 à 1977. A sa sortie de prison, refusant tout compromis avec l'Etat malien, il retourne à son exil marocain. Mohamed Ali s'est éteint à Témara ( Maroc )en juillet 1994

EXTRAIT D'UNE LETTRE ADRESSEE PAR MOHAMED ALI AG ATTAHER, AU NOM DES TOUAREGS DU MALI, AU ROI HASSAN II ET AU PEUPLE MAROCAIN
(...)
Nous, Touaregs du Mali, prenons la liberté d'en appeler au Royaume du Maroc et à la communauté internationale afin d'attirer leur attention sur la situation dans laquelle se trouve notre peuple aujourd'hui.

Nous tenons à souligner que notre démarche s'adresse, ici au Maroc, en la personne de Sa Majesté le Roi Hassan II, qui assume entre autres, lourds héritages, celui de toujours porter un " regard vigilant " sur le sort des populations du Sahara. Elle nous paraît devoir concerner également tous les hommes politiques ainsi que chaque citoyen marocain, quelles que soient leurs sensibilités ou leurs appartenances; tant il est vrai que notre histoire, notre culture, en somme notre background sont profondément enfouis au Maroc, (dans le sens historique du vocable Maroc).

Et le temps, et l'oubli, et le tracé arbitraire des frontières sont impuissants à effacer la réalité de l'effectivité des liens de sang, de l'identité de culture et des valeurs spirituelles de notre peuple avec celui du Maroc.

Nos traditions ne nous prédisposent pas particulièrement à lancer des appels au secours mais la nécessité nous impose de le faire au moment où notre peuple est à l'origine. Même quand nous lançons des appels au secours nous le faisons dans l'honneur et avec discernement.
C'est pourquoi notre premier réflexe est de nous tourner vers le prestigieux trône chérifien. Nous agissons aussi par fidélité et loyauté, car nous sommes convaincus que la disparition imminente, de notre peuple, serait également celle des " postes avancés " de la fabuleuse civilisation Maghrébine, aux portes de l'Afrique Subsaharienne.
Il est de même dans le Sud de la Mauritanie, où le devenir de cette civilisation est en jeu, les événements d'Avril 1989 en constituent la première alerte chaude.

Majesté, nous apprécions vivement vos talents d'homme politique de grande envergure et les rapports excellents qui vous lient avec les Etats sub-sahariens y compris avec ceux qui nous "ratissent".
Mais savez-vous seulement que ces états exterminent notre peuple pour ôter définitivement au Maroc tous griefs socio-historique, culturel et spirituel (tout ce, qu'identifie et incarne notre peuple) de nature à servir de support à ce que lesdits Etats appellent "les velléités expansionnistes du Maroc..."
L'extermination de notre peuple, débutée avec les indépendances et entretenues par une action souterraine depuis, par le Mali, est un élément constant de la politique du Mali, mais également du Niger contre les touaregs. Cette politique régulière repose sur un certain nombre d'arguments qui remontent plus ou moins loin dans le temps
- Ils n'ont jamais oublié la déclaration du résident-général Lyautey, alors au Maroc, qui lançait " ... le sultan est l'Imam couronné, souverain politique et religieux que tous les musulmans du Maghreb, jusqu'à Tombouctou regardent depuis toujours comme le seul vicaire de l'Islam sur la terre... " ;
- Ils reprennent toujours à leur compte les déclarations de la presse française, notamment l'illustration dans sa livraison du 24 février 1894 "... la prise de Tombouctou assurera l'avenir du continent noir... "

Pour prendre Tombouctou, les français en ont bouté dehors les Touaregs, pour garder Tombouctou le Mali extermine les Touaregs.
- Les régimes successifs au Mali, comme au Niger, n'oublieront jamais que le Sahara et ses populations ont depuis toujours vécu sous 1'allégeance des sultans de Marrakech et plus tard sous celle du Maroc.
- Que par-delà des obstacles constitués par les frontières héritées de la colonisation, les liens ombilicaux avec le Maroc sont demeuré réels dans le subconscient collectif de notre peuple.
- Ils sont, d'autant plus convaincus du sérieux de leurs craintes, que ces populations n'ont jamais renoncé historiquement à cette allégeance et â ces liens ombilicaux.

Majesté, le drame qui se joue dans cette poche du Sahara est hélas, réel, il n'aurait jamais dû se jouer et doit cesser. Le Grand Sahara est un et indivisible et fait partie intégrante du Maghreb et non de l'Afrique de l'Ouest.
Voilà déjà trente ans que notre peuple, par la voix de ses chefs traditionnels, qui ont su comprendre ce que signifiait l'indépendance pour les Touaregs au sein du Mali, tente vainement de réintégrer la mère patrie.
Alors même que d'autres sujets ont manifesté énergiquement leur volonté à rompre le lien ombilical, voire briser les liens fraternels du Maroc avec les Etats Maghrébins, tenir son image de marque à travers le monde, notre peuple n'aspire qu'à servir et ne demande que la protection de son identité et la mansuétude de Votre Majesté.
Dans cette partie du Sahara, il y a un trésor humain d'intelligence, de dévouement, de résolution, où le Maroc pourra puiser pour beaucoup de ses besoins. Si l'on permet à notre peuple de se relever, il est capable de constituer un rempart solide aux portes de l'Afrique Noire et garantir la stabilité du Sahara de Tombouctou à Marrakech.

Notre peuple traverse l'étape la plus cruciale de son existence des temps modernes, nous avons l'honneur et le devoir de faire remarquer à votre majesté que son attitude, face à notre drame, déterminera de manière substantielle l'avenir de notre peuple.
Le prestige politique rayonnant et la qualité des croyants, de votre Majesté sont autant de motifs d'espoir, qui confortent notre peuple dans son désir de voir votre Majesté, jouer le rôle de premier plan, pour l'aider à surmonter cette rude épreuve...

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