6 avr. 2008

Terre dorée constellée de perles bleues

Ils ont levé le camps alors que l’horizon
N’était encore baigné que d’un semis d’étoiles,
Emportant dans les plis des burnous de coton
La rosée de la nuit comme des larmes d’opale.

Un dernier thé brûlant et des galettes plates,
Et le lait du troupeau pour les petits enfants,
La chair tendre des figues, une poignée de dates
Seront les seules douceurs du jour qui les attend.

Ils ont plié les tentes, enroulé les tapis,
Hisse les lourdes selles sur le dos des chameaux,
Pour la dernière fois, les femmes au bord du puits
Ont fait couler l’eau claire dans les outres de peau.

Et dans l’ombre bleutée de la nuit qui finit
C’est un joyeux mélange de cornes et de sabots
Que les enfants houspillent avec de petits cris
Pour que mettent en marche les bêtes du troupeau.

Ils ont levé le camp avant que le jour vienne,
Avant que les étoiles ne meurent doucement,
Avant que sur les dunes que l’on devine à peine
N’éclate l’incendie d’un ciel incandescent.

Ils suivent dans les étoiles un chemin connu d’eux,
et l’horizon recule vers les dunes sans fin
Tandis qu’ils vont, drapés dans leurs grands manteaux bleus,
Au pas lent des chameaux qui berce leur destin.

Regardez-les marcher, foulant de leurs pieds nus
Cette terre qu’on dirait abandonnée des Dieux,
Où le serpent, la nuit, déroule sous les nues,
Sa spirale de jade comme un éclair de feu.

Dans le matin naissant, regardes-les passer,
Ils ont le port altier et la démarche fière,
L’assurance tranquille des hommes qui sont nés
Pour être,
Simplement,
Les seigneurs du désert.

Mathilde Vittorelli-Miranda

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